Taken from "Imm3moria" :
Deux ans après « Soul Amputation », Vrolok revient en 2007 avec un nouvel opus intitulé « Void (The Divine Abortion) ». Les fans du groupe l’attendaient avec impatience et ils seront à nouveau impressionnés par l’énorme talent de cette horde. Malheureusement, je ne possède pas les précédentes réalisations du combo américain et je me demande comment j’ai pu passer à côté d’eux car « Void (The Divine Abortion) » est une œuvre d’art maléfique unique. Connaissant très bien Diabolus, Noktu n’a donc pas hésité à sortir cet l’album et il ne le regrettera pas.
Comprenant six compositions plus sombres que jamais, ce deuxième opus de Vrolok reflète un mélange parfait de black et de dark metal. La production est plutôt bonne, dégageant une ambiance oppressante et mettant bien en valeur tous les instruments. Commençons par le chant de Diabolus qui est réellement impressionnant. Ses vocaux sont très variés et sur le dernier titre « Void », l’auditeur est littéralement terrifié devant la haine qui émane de ses hurlements malsains, comparables aux cris de douleur poussés par des prisonniers torturés dans leurs oubliettes pestilentielles. Quant aux guitares, leur son est très particulier et rappellent celles présentes sur le chef d’œuvre « Cold Memories and A Black River Lighted by Candles » de Forgotten Winter en raison de leur résonance. Enfin, mention spéciale pour le batteur ! Certes, Diabolus est le cerveau de Vrolok mais que deviendrait le groupe sans Kristján Guðmundsson ?
Connu pour avoir joué avec Myrk, Momentum et Potentiam, ce batteur islandais met tout le monde d’accord grâce à son niveau technique exceptionnel. Riffs imparables, atmosphères ténébreuses captivantes, compositions originales… Tous les autres ingrédients nécessaires à la création d’un chef d’œuvre sont là.
Vrolok nous livre donc un fantastique opus de black / dark metal qui montre que la scène black américaine est actuellement l’une des plus intéressantes. Encore une merveille signée Drakkar Productions !
Taken from "La Horde Noire" :
La scène américaine n’a pas toujours su s’accorder les faveurs des amateurs de Black Metal. Hormis les classiques de cette scène outre-atlantique, tels XASTHUR ou LEVIATHAN, nombreuses sont les formations de cette partie du globe à ne pas pouvoir percer, malgré un talent indéniable. Ainsi, bien que le projet de sieur Diabolus ait déjà à son actif une demi-douzaine d’albums (entrecoupés de quelques splits et autres démos à la substance certainement moins intéressante), il est cependant longtemps resté au rang des seconds couteaux efficaces mais pas franchement indispensables.
Les choses ont toutefois évolué depuis cette époque. En 2005, peu après avoir rejoint l’écurie Drakkar Productions détenue par le français Noktu, VROLOK sortait "Soul Amputation", album « concept » acclamé par la critique et qui permit au projet de sortir quelque peu de l’ombre. Et c’est sur ce même label qu’est sorti l’année passée le dernier album en date de l’artiste, répondant au doux nom de "Void" (patronyme certes sobre, mais ô combien révélateur quant à la teneur dudit album).
Le VROLOK des débuts était crasseux, sale et haineux dans la plus pure tradition du genre. Classique me direz-vous. Mais le "Soul Amputation" précédemment cité inaugurait déjà une nouvelle ère pour l’entité américaine, celle du renouveau. Au Black Metal d’antan se mêlaient quelques éléments nouveaux, comme des interludes Ambient au propos prépondérant et l’apparition ça et là de sonorités industrielles (Diabolus oeuvrant dans divers side projects affiliés à l’Indus). Et l’album "Void" lui succédant vient tout logiquement entériner ce fait, présentant un VROLOK aux expérimentations toujours plus poussées. Disons le tout net : le résultat est époustouflant.
Si VROLOK n’avait jamais réellement brillé par son simple aspect musical, il est à présent difficile d’en dire autant. Diabolus, en osant définitivement sortir des sentiers battus et en laissant libre cours à ses pulsions créatrices les plus excentriques, livre ici une musique certes atypique, mais ô combien fascinante lorsque l’on prête une véritable attention à ses divers attributs.
"Void", c’est la déconstruction musicale à l’état pur, un ensemble schizophrénique où la perte de soi se fait inéluctable. Les structures brillent par leur absence : "Void" est un cauchemar en perpétuel mouvement, et ne présente aucun point d’accroche permettant d’éviter l’effondrement dans les ténèbres le constituant (d’où le qualificatif « Dark Metal » employé par le label pour désigner ce nouvel album). Les guitares, plus poisseuses encore qu’à l’accoutumée et appuyées par des lignes de basse délicieusement vicieuses et obsédantes, se fondent en un brouillard humide et glacial dont l’opacité s’agrippe à vous avec ténacité. Les vocaux du maître à penser Diabolus sont, quant à elles, redoutables d’efficacité : elles traduisent à elles seules la haine et le désespoir dont l'homme est ici esclave.
L’élément le plus à même de vous tourmenter résidant sans aucun doute dans les parties de batterie désormais assurées par Kristján E Guðmundsson (membre à part entière de VROLOK). Autrefois des plus basiques, consistant bien souvent en un blast-beat typiquement Black Metal, elles font ici partie de l’essence même des compositions, sans quoi celles-ci perdraient assurément de leur maléfique emprise. Diabolus a parfaitement compris qu’il détenait là un atout maître pour sa musique, et les fûts dominent ainsi les cordes. « Squelettiques », « décharnées » sont les premiers mots me venant à l’esprit à l’écoute de ces dernières. Donnant l’impression de jouer dans une église vaste et déserte de par la présence d’un léger écho, le batteur nous gratifie ici d’un jeu particulièrement subtil et s’intégrant parfaitement au reste de l’orchestre : une technique et un feeling irréprochable – avec notamment une parfaite utilisation des nombreuses cymbales à disposition (dont deux cymbales chinoises, employées avec parcimonie pour un impact démesuré) - font des parties de batterie de "Void" certainement les plus prenantes que j’ai pu entendre dans un album de Black Metal.
L’artiste le dit lui-même : il n’a que peu de contacts avec d’autres individus et préfère vivre à l’écart de ses congénères. Il est ici seul face à sa démence. Plus vicieuse et sournoise que par le passé, sa dépression s’empare lentement de ses derniers vestiges de lucidité. Il tente une dernière fois de lutter, se débat vainement, puis retourne sans plus attendre à sa profonde léthargie, attendant que son heure vienne.
"Void", c’est l’abattement le plus profond, l’aliénation. L’anéantissement de toute humanité. L’âme se replie sur elle-même, elle souffre et se meurt. Elle voudrait sans aller, mais le corps empêche le malade d’arriver à ses fins. Il erre, Vide et sans but, rongé de l’intérieur par des démons qu’il ne peut exorciser.
C’est avec joie qu’il accueillera la mort lorsque son heure sera enfin venue.